Les sceptiques de la 5G s’en réjouissent : Martin Forter, par exemple, affirme que les médecins de la protection de l’environnement demandent depuis deux ans que les limites actuelles de rayonnement ne soient pas augmentées. « Nous sommes très heureux que cela se passe maintenant. »
Un désavantage concurrentiel sans 5G ?
L’industrie des télécommunications, en revanche, réagit avec mécontentement. Ce n’est pas seulement une occasion manquée de bénéficier d’un avantage concurrentiel important, déclare Peter Grütter, président de l’asut, l’Association suisse de l’industrie des télécommunications. « Il y a même un risque que nous soyons désavantagés par rapport à nos voisins ».
Il y a trois ans, le Conseil fédéral lui-même a présenté un rapport de près de 200 pages sur l’économie numérique. Sa teneur : la numérisation est une opportunité pour le lieu d’implantation des entreprises. Cela ne correspond tout simplement pas à la situation, déclare le conseiller national du FDP, Kurt Fluri, qui est également membre du FDP. « Il est incontestable que l’utilisation des systèmes de téléphonie mobile va augmenter ».
5G – plus rapide, mais aussi plus dangereux ?
Cependant, il existe également une forte résistance politique à l’augmentation de la puissance de transmission des téléphones mobiles, que ce soit par le biais d’initiatives populaires ou d’objections. Et le Conseil des États a déjà rejeté à deux reprises un assouplissement de la valeur limite. Aujourd’hui, au milieu de la plus grande crise sanitaire depuis des décennies, le Conseil fédéral est encore plus réticent à mener cette bataille politique, soupçonne Fluri.
30 ans pour l’expansion de la 5G ?
Avec la décision du Conseil fédéral, l’extension d’un réseau 5G en Suisse pourrait prendre plus de temps. Il faudra 20 à 30 ans si la limite n’est pas assouplie, selon un rapport d’un groupe de travail à large base commandé par le gouvernement fédéral. Cependant, le conseiller national du PS, Matthias Aebischer, qui se réjouit du maintien des valeurs limites, trouve cela difficile à croire.
Jusqu’à présent, les fournisseurs de téléphonie mobile avaient dit que chaque étape de l’expansion prendrait une éternité. « Mais les choses sont allées beaucoup plus vite qu’on ne l’avait prévu », a déclaré M. Aebischer.
En fait, au départ, une expansion rapide en Suisse était prévue. Il y a un peu plus d’un an, le gouvernement suisse a mis aux enchères des licences 5G pour un montant relativement modeste de 380 millions de francs. La dernière action de ce type avait encore permis d’injecter un milliard dans les caisses fédérales. Mais maintenant, ça ne lui sert plus à grand-chose, critique l’industrie.
Les partisans de la 5G n’abandonnent pas
Le conseiller national du PS, M. Aebischer, souligne que les entreprises de télécommunications connaissaient bien les règles du jeu avant la mise aux enchères. » Quiconque achète une Ferrari sait aussi qu’il y a une limite de vitesse de 120 km/h sur les autoroutes. Il ne peut pas s’attendre à ce qu’elle soit changée. »
Les partisans du 5G n’admettent cependant pas encore la défaite : si le Conseil fédéral n’avance pas, son parti va s’activer avec des poussées, déclare le conseiller national du FDP, M. Fluri. L’industrie des télécommunications, quant à elle, veut intervenir directement auprès du conseil fédéral. La pression de l’économie restera donc la même – tout comme celle de l’opposition.
Source : www.srf.ch/news/schweiz/