Il est une histoire qui m’est arrivée alors que j’avais onze ans. Nous habitions avec mes parents une petite villa dans le quartier d’Owendo situé à la sortie sud de Libreville au Gabon (Afrique centrale).
Il s’agissait d’une petite villa pour les blancs, les « toubabs » que nous étions, mais nous y étions très bien, parfaitement intégrés dans un petit village de quartier avec la case de nos propriétaires comme voisin.
Un jour, un lundi midi (je m’en rappelle encore alors que cela s’est passé il y a trente-neuf ans !), le PDG de mon père vint déjeuner à la maison.
Mon père était à l’époque Directeur Général d’une société d’Ingénierie Topographie. Alors que mon père et son PDG buvaient l’apéritif sur la terrasse, ils virent la fille du propriétaire, assise sous un arbre, les mains sur les cuisses, les yeux dans le vague.
Elle resta ainsi, immobile, durant une trentaine de minutes, à attendre.
Au bout d’un certain temps, mon père lui demanda :
– Que fais-tu assise ainsi, ne vas-tu pas manger avec tes parents ? Elle se tourna vers lui et répondit. – Le Marabout * (Sorcier Africain) a dit que je mourrai à midi, alors j’attends la mort !
Mon père et son PDG se regardèrent interloqués puis lui dirent que cela n’était pas possible, que l’on ne mourrait pas ainsi, brutalement.
Ils n’eurent pas de réponse, elle resta ainsi, les yeux dans le vague à attendre.
Ils continuèrent donc leur conversation en se disant qu’elle finirait par se lever et par aller manger.
Ils en étaient encore à boire l’apéritif lorsqu’à midi tapant, la jeune fille ferma les yeux et bascula sur le côté. Elle gisait sur le flanc et lorsqu’ils s’approchèrent d’elle, ils ne purent que constater qu’elle était morte.
Cette jeune fille était tellement persuadée que ce que lui avait dit le marabout était vrai, sa croyance était tellement forte que sa physiologie certainement a suivi et que tout son corps a lâché à l’heure dite.
Il n’y a pas de forces plus destructrices que nos croyances !
Des histoires comme celle-ci, il serait possible d’en conter un nombre incalculable. Des marabouts Africains aux sorciers Aborigènes en passant tout simplement par notre culture judéo-chrétienne.
Alors, attachons-y toute l’importance qu’elles méritent, faisons un travail sur nos mémoires erronées, nos croyances négatives, limitantes et avançons afin de construire un monde meilleur.