Le professeur de mathématiques a en effet construit un micro-barrage sur le marigot de Gbasso afin d’électrifier sa communauté.
« J’AI ACHETÉ UN SMARTPHONE POUR AVOIR ACCÈS À INTERNET ET JE ME SUIS RENSEIGNÉ SUR LE FONCTIONNEMENT DES BARRAGES »
« Quand j’ai dit aux villageois que je comptais réaliser un mini barrage hydroélectrique, personne ne m’a cru. J’ai commencé par vendre des panneaux solaires et économiser assez d’argent pour financer mon projet.» confie-t-il.
C’est ainsi qu’il mobilise les 50 millions de francs guinéens (environ 5 500 $) nécessaires pour sortir 90 des 94 ménages que compte le village de l’obscurité. Ibrahima Tounkara se charge également de la construction du mini barrage, à partir des connaissances qu’il acquiert grâce à des tutoriels trouvés sur Internet.
« Je l’ai d’abord fait pour ma famille. Je savais que mes parents n’avaient pas d’électricité chez eux et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose, ne serait-ce que pour avoir de quoi charger leurs téléphones.» explique ce héros ordinaire du développement.
Les 90 foyers de ce petit village isolé du sud de la Guinée ont désormais de l’électricité 24 h/24.
Ibrahima explique aux médias guinéens impressionnés comment il a fait: «J’ai réalisé ce travail avec de petits moyens. Je n’avais pas suffisamment d’argent pour acheter des tuyaux de pression alors j’ai fait la conduite d’eau avec du béton armé. Mais la conduite n’est pas si résistante et je vois mes erreurs actuellement. Chaque fois, je suis obligé de colmater et la production du courant ne doit pas dépasser les 9kW».
Ce qui, pour l’instant, est suffisant, dit-il, les villageois ayant surtout besoin d’éclairage, et parfois de courant pour une télévision. Rien de plus.
Cependant, soutenu (moralement) par les autorités locales, Ibrahima a l’intention d’augmenter la puissance de son barrage jusqu’à 30 kW pour fournir d’autres villages en électricité. Il espère que la publicité faite à sa prouesse attirera sur lui l’attention d’éventuels investisseurs ou mécènes, voire un financement de l’Etat.
En Guinée, seul un habitant sur quatre a accès à l’électricité, selon les dernières données de la Banque mondiale. En avril dernier, le gouvernement a fait connaître son ambition de connecter 721 000 foyers d’ici à 2020. Mais la population s’impatiente et multiplie les manifestations, souvent très tendues.
Le 13 septembre, un jeune homme a été tué et une trentaine de personnes blésées à Boké, une ville située à 300 km au nord-ouest de la capitale Conakry, dans des affrontements avec la police. Les manifestants réclamaient d’être raccordés au réseau de distribution d’eau et d’électricité. Le pays dispose pourtant d’un important potentiel hydroélectrique.
La télévision guinéenne s’intéresse de près au micro-barrage réalisé par Ibrahima Kountara (reportage à Bolodou le 5 août 2017).
Source : France24.com