On parle souvent de la danse africaine, or même si une trame commune relie toutes ces danses : le sens et l’essence, il existe plusieurs danses africaines selon les régions. Au sein d’une même région, on rencontre une extraordinaire diversité de danses, avec certains points de convergence, comme les mouvements qui sollicitent le bassin, siège de l’enracinement dans la matière et du déploiement de la créativité. A voir comment une personne utilise son bassin, on peut savoir où elle en est avec elle-même, avec son intériorité, avec son humanité. La zone du bassin est une zone très sensible émotionnellement. Être bien dans son bassin, c’est être bien dans son rapport créateur, c’est affirmer consciemment le rôle le plus important de notre mission terrestre, celui de vivre notre spiritualité dans la matière.
« Longo » en Lingala signifie « ancre ». La danse africaine est une danse initiatique d’ancrage, ancrage dans l’Être. C’est l’acceptation du monde de la matière dans l’expérience de nous-mêmes. La matière cohabite avec le spirituel. Ce ne sont pas deux mondes qui s’affrontent, mais deux mondes qui coopèrent. L’un ne va pas sans l’autre.
Paradoxalement, l’ancrage, si nécessaire à notre époque déstructurée, permet une plus grande mobilité, une meilleure fluidité et une ouverture plus juste vers l’extérieur, en d’autres termes il favorise une circulation optimale de l’énergie de vie. Danser devient alors un jeu merveilleux, il s’agit de la danse de la vie. La danse africaine est un art d’initiation, une danse initiatique, une danse rituelle. La pratique de celle-ci amène l’être humain à se reconnecter avec lui-même et à se recentrer. Être ancré dans l’Être permet de le rayonner autour de soi, de potentialiser toutes ses ressources et de les semer de manière féconde dans le monde.
L’un des objectifs du Longo est de renouer avec notre spontanéité et notre innocence, sources de joie. Mais la spontanéité n’est pas l’improvisation, confusion courante dans notre esprit.
« Pour discipliner le mental et amener un état de pleine présence dans le mouvement, tout est codifié, structuré, posé. En tant qu’être humain, nous ne sommes pas des êtres improvisés, mais bien des êtres spontanés. »
Dans le plein déploiement de son être authentique, la codification et la répétition du mouvement nous met dans un état de disponibilité par rapport à ce que le corps peut nous dire de nos blocages, de nos schémas récurrents, et de nos possibles.
Afin d’arriver à un équilibre Corps/Esprit et ainsi ressentir et vivre pleinement le mouvement juste, le Longo demande rigueur et discipline intérieure.
Une fois la technique intégrée, chacun peut alors renouer avec la véritable spontanéité, synonyme de liberté et de simplicité. On devient apte à communiquer à l’extérieur ce qu’il y a véritablement au cœur de soi, dans l’acceptation de ses limites et de ses qualités. L’accouplement du masculin et du féminin en nous devient constant et nous permet d’être dans la création permanente apaisant ainsi les conflits intérieurs et nous amenant à calmer le mental.
« Le ressenti est la base de l’enseignement du Longo. »
Dans chaque danse, on insuffle une intention spécifique, on se déplace en conscience de ce que chaque pas représente. Le message imprime son énergie au mouvement. Ainsi ce n’est plus « Je » qui danse mais c’est toute l’énergie du corps mêlée à l’énergie du message qui peut rayonner.
Tout ceci doit être fait avec conscience, et avec l’omniprésence de la grande énergie qui lie tout. Elle s’appelle Amour (BOLINGO qui vient du verbe KOLINGA, dont la traduction en Français est le verbe LIER).