Texte: Obs
Après l’attentat de Christchurch, la Première ministre néo-zélandaise a été saluée pour sa réaction exemplaire. 10 choses à savoir sur Jacinda Ardern, Première ministre et « pilier » de la Nouvelle-Zélande
« Le monde regarde Jacinda Ardern » a titré le « Washington Post » dans l’un de ses éditoriaux mardi 19 mars. Depuis l’attentat à Christchurch, ville sur l’Ile-du-Sud de la Nouvelle-Zélande, perpétré par un Australien d’extrême droite, se revendiquant du suprématisme blanc, le calme, la compassion et la détermination de la Première ministre néo-zélandaise sont salués par la presse. « C’est dans les moments de crise que la valeur des dirigeants apparaît », a souligné le quotidien « The West Australian » qui poursuit : « Pour les habitants de Christchurch et de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern a montré qu’elle était un pilier. »
Les photos la montrant visiblement émue, les cheveux couverts d’un voile, lors de ses visites aux membres de la communauté musulmane de Christchurch, ont soulevé un élan de sympathie à travers le monde.
Dans son pays, Jacinda Ardern est déjà populaire. Lors de sa campagne des législatives en 2017 pour le parti travailliste, la presse a évoqué une « Jacindamania ». 10 choses à savoir sur Jacinda Ardern.
1 Musulmans
La Première ministre a adressé mardi un message de solidarité aux musulmans et promis de ne jamais prononcer le nom du tueur des mosquées. « Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l’une d’elles était la notoriété. C’est pourquoi vous ne m’entendrez jamais prononcer son nom. C’est un terroriste. C’est un criminel. C’est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom. Je vous implore : prononcez les noms de ceux qui ne sont plus plutôt que celui de l’homme qui les a emportés. » Vêtue de noir, l’air solennel, la cheffe du gouvernement, âgée de 38 ans, a ouvert la séance par l’expression de bienvenue en arabe « salam aleykum » (« que la paix soit avec vous »).
2 « Poussière d’étoile » de gauche
Chef du parti travailliste, Jacinda Ardern devient Première ministre en octobre 2017 à l’âge de 37 ans. La plus jeune à occuper ce poste depuis 1856, et la troisième femme. Qualifiée de « poussière d’étoile » par son rival, elle s’impose à la tête d’un gouvernement de coalition, alors que son parti, dans l’opposition, affichait, deux mois avant l’élection, son plus faible score dans les sondages en vingt ans.
3 « Presque communiste »
Au sein de son propre parti, son programme n’est pas du goût de tous. Pour avoir promis de réduire les coûts d’accès à l’université, de favoriser l’accès au logement des familles aux revenus faibles, de légaliser l’avortement, de baisser les quotas migratoires et surtout de vouloir taxer l’eau potable, elle a été traitée, lors de sa campagne, de « presque communiste » par un ancien membre du Parti travailliste.
4 Bébé à l’ONU
En amenant sa fille de trois mois avec elle à l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, Jacinda Ardern est entrée dans l’histoire en étant la première femme dirigeante à siéger avec son enfant dans cet hémicycle créé il y a plus de soixante-dix ans. Le nourrisson avait même un badge estampillé « New Zealand First Baby ». Elle est la deuxième femme au monde à avoir un bébé tout en étant au pouvoir, après la Pakistanaise Benazir Bhutto. Elle n’a pas hésité à prendre six semaines de congé maternité.
5 « Allez-vous avoir des enfants ? »
Durant la campagne électorale, Jacinda Ardern a dû répondre à des questions sur ses intentions en matière de maternité. Face à des remarques sexistes, elle avait alors rétorqué : « Il est totalement inacceptable de dire en 2017 que les femmes doivent répondre à cette question. […] Le choix du moment pour avoir des enfants appartient aux femmes. Cela ne doit pas déterminer le fait de décrocher ou non un emploi. » L’anecdote a assuré sa promotion et a fait grimper en flèche sa popularité.
6 DJ
Avant de devenir Première ministre, Jacinda Ardern était DJ. Depuis le lycée, elle a fait plusieurs apparitions en club, notamment lors du festival Laneway à Auckland en 2014, où participaient entre autres, Beyoncé, André 3000 et les Smashing Pumpkins, écrit Vice.
7 Ex-mormone
Fille d’un policier, elle est élevée dans la foi mormone, avant d’abandonner sa religion en 2005 en raison des positions homophobes de l’Eglise mormone. Née à Hamilton, à 130 kilomètres d’Auckland, Jacinda Ardern affirme que c’est la pauvreté qu’elle a vue dans l’arrière-pays de l’Ile du Nord qui a contribué à forger ses convictions de gauche.
8 Tony Blair
Grâce à une tante, elle s’intéresse très tôt à la politique et entre dans les organisations des jeunesses travaillistes. Après ses études, elle travaille pour la Première ministre Helen Clark, puis à Londres pour Tony Blair, alors Premier ministre britannique. Elue à la Chambre des représentants en 2008, et toujours réélue depuis, Janica Ardern devient chef adjoint du Parti travailliste en mars 2017.
9 Vice-ministre populiste
La Première ministre a dû former un gouvernement de coalition faute de résultat clair aux élections législatives. Le dirigeant du parti Nouvelle-Zelande d’abord, Winston Peters, est nommé vice-Premier ministre. Celui-ci est taxé de populisme et de nationalisme pour avoir accusé l’immigration asiatique d’être source de criminalité. Il est également connu pour son protectionnisme.
10 Armes
Après le carnage commis par Brenton Tarrant, la Première ministre a assuré que la coalition gouvernementale était unie sur la nécessité de restreindre l’accès aux armes. Jacinda Ardern a annoncé que des mesures seraient annoncées d’ici une semaine. Elles pourraient comprendre l’interdiction de certains fusils semi-automatiques et un programme de rachat des armes.
Source: OBS