Nous traversons des changements parfois chaotiques. J’avais juste envie de vous dire que l’année à suivre sera peut-être meilleure – ou peut-être pire, mais que l’essentiel de la vie ne repose pas dans les tendances économiques, mais bien dans le noyau de notre société : l’humain. Même si je suis une personne empreinte de doutes, il est une chose dont je suis certaine : à côté de l’univers de la beauté, de la mode et de l’esthétique, ma « matière première » c’est vous – la personne que vous êtes dans toute son unicité et sa complexité. Et mon voeu est que les hommes, mais surtout les femmes s’acceptent devant le miroir.
Tâche ardue s’il en est dans la société actuelle… quand on sait que l’on trouve sur le marché une gamme de soins et de maquillage antioxydants et antirides pour des fillettes de 8 à 12 ans ; que les gouvernements doivent prendre des mesures pour endiguer un fléau tel que l’hypersexualisation des petites filles ; qu’un magazine tel que Vogue doit s’engager à ne plus utiliser que des mannequins en bonne santé et encourager les couturiers à ne plus créer de modèles de vêtements aux tailles irréellement petites ; que l’obsession de la peau lisse devient un esclavage dès l’âge de 25 ans ; que la plus grande association de médecins américains, l’American Medical Association (AMA) a lancé une campagne visant à limiter le recours aux logiciels de retouche-photo afin de protéger les adolescentes ; que les hospitalisations dûes aux anorexies des jeunes filles se démultiplient, etc.
Les jeunes hommes ne sont pas épargnés. Souvenez-vous, c’était il n’y a encore pas si longtemps. L’Homme, le vrai, celui avec un grand H, se devait d’être bronzé et surtout… bodybuildé. Mais, depuis quelques années, la mode est aux silhouettes androgynes et le slim d’Hedi Slimane s’est imposé comme le nouvel uniforme masculin. Dans les agences de mannequins, les garçons ne font plus que 90 centimètres de tour de poitrine quand ils en faisaient 20 de plus il y a seulement dix ans. Phénomène nouveau, et souvent méconnu, l’anorexie masculine ne cesse de se développer à tel point qu’aujourd’hui trois anorexiques sur dix sont des hommes.
Vous l’aurez compris : sommés de correspondre à des critères virtuels et inatteignables, toutes celles qui ne sont pas dans le moule, et donc la majorité des femmes quand même, et ce depuis le plus jeune âge, développent une haine de leur corps, ont recours aux potions magiques, crèmes, onguents multiples et coûteux vantés par les marques, « parce qu’elles le valent bien ». Et s’offrent, à grand prix et non sans dangers, aux bistouris de la chirurgie esthétique dont les avantages sont détaillés par le menu et jusqu’aux parties du corps les plus intimes par les magazines. L’économie de la mode et de la beauté centrée sur les femmes, cibles privilégiées de la consommation de masse depuis le début des 30 glorieuses, se porte à merveille, alors que se développent chez les filles et les femmes l’anxiété, l’anorexie, l’aversion du corps…
Et vous, comment vous regardez-vous ?
Haine, complicité, coup d’oeil pratique, observation clinique ? Pourquoi tant de femmes utilisent-elles le miroir comme un instrument de torture ? Notre image doit être une source de bien-être, un allié complice de jeu, de vie et d’amour et non une addiction ou un terrain de souffrance.
Plus que jamais, tout être humain devrait se concentrer sur ses fondamentaux : son bonheur fondamental, son cercle de proches, sa famille et son bien-être. Pendant ces premiers jours de printemps au moins, cessez d’attacher de l’importance aux changements de votre corps et de votre visage. Certes, continuez à en prendre soin comme je vous y ai toujours encouragés, mais apprenez surtout à vous aimer telles et tels que vous êtes, cherchez à mettre du plaisir et de la joie dans vos vies, à apprécier, à goûter les petites choses. Vous finirez par être si rayonnantes et séduisantes de coeur que l’on ne verra plus vos rides ou vos kilos. Et vous resterez en beauté. Quelle formidable liberté finalement de pouvoir rester simplement soi, sans avoir quelque chose à prouver ! Je vous souhaite donc d’oublier pendant quelques jours vos soucis de balance, de peau, les pressions économiques et vos préoccupations quant à l’avenir : enrichissez votre entourage par votre présence et vous vous enrichirez vous-même.