Par Barbara Steudler/NiceFuture Parcours intérieur – parcours extérieur.
Je crois que le monde extérieur n’est que la projection de notre univers
intérieur. Après 40 ans sur cette Terre, je le perçois de plus en plus
chaque jour. Nous cherchons dans ce monde terrestre des énergies,
consciences et forces nous permettant simplement de comprendre dans
« la forme extérieure » ce qui est présent et veut s’expérimenter et
se mettre en lumière « de re-connaissance » dans notre conscience.
Dans ce temps linéaire de ma vie, je ne pense pas être différente aujourd’hui
de ce que j’étais il y a 15 ans. Le projet que j’ai porté dans la forme,
l’association NiceFuture, a toujours, de manière concrète, été en lien complet,
direct et personnel avec ma conscience et ma recherche/compréhension profonde intérieure.
J’ai simplement, à chaque moment, donné à ce projet collectif tout ce
que j’étais capable de donner en fonction de ma conscience et de mes forces.
Il s’agit là du principe créatif de la vie, qui nous définit tous. En vivant,
nous créons à l’intérieur et à l’extérieur.
En ce qui me concerne, les aspirations personnelles les plus profondes de
« Barbara » ont toujours été les mêmes: je voulais amener le plus de compréhension et
de conscience possible, et partager ce qui qui m’habitait par un mouvement
intérieur et extérieur continu entre l’être et le faire.
Les phases « d’être » sont des espaces de réceptivité, de retour
à soi, d’intégration de ce qui est perçu, de contemplation aussi. Ce
sont des phases de distance avec le « concept de soi » que l’on a
construit dans le « faire », un espace salvateur qui permet de sortir des
identifications. Puis, remplie d’une nouvelle densité intérieure, de présence à soi, un
projet reprend vie en moi avec le désir de lui donner une forme dans le
monde extérieur; le « faire » se remet en mouvement. La seule différence que
j’identifie peut-être aujourd’hui, c’est que je vis ces mouvements sur des
périodes de moins en moins longues.
Je n’aurais jamais pu créer le Festival de la Terre il y’a 13 ans,
sans cette présence et cette foi intérieure.
Je crois que tu imagines à peine l’énergie et la force
intérieure, que m’a demandé à l’époque ce projet. Non seulement personne
n’y croyait, mais en plus il n’y avait pas d’argent et je ne possédais aucun réseau.
Pourtant, j’y ai consacré mes jours et nuits sur de très longues périodes, avec
des épuisement physiques et émotionnels complets. J’avais 30 ans et deux
tout petits enfants, un passage de couple, et j’entraînais autour de ce vortex de
manifestation de « conscience » mon nouveau couple, mes
bébés, mon entreprise, ma sécurité matérielle, ma foi en l’humanité et
toute mes forces physiques. 30 ans, pour moi, c’est l’âge où j’ai pu explorer
tous ce que je pouvais offrir et porter à travers mon énergie vitale.
Le G21 a été mis en place quelques années plus tard, sur la même dynamique intérieure.
Car avec un peu de recul, quelle idée complétement folle que ce projet,
alors que nous étions reconnus avec l’association
comme une structure importante en Romandie au niveau de la société
civile et très présente dans les médias. Pourquoi aller créer le dialogue
avec ce qui était perçu comme « l’ennemi », mettre en danger ce
positionnement extérieur acquis et cette présence médiatique forte de
porte-parole de la société civile? Pourtant, dans ma conscience, je
sentais la polarisation extrême que prenait une part de la société
et cela me semblait absurde. Je ne voulais pas voir le
monde séparé entre les bons et les méchants. Je n’avais aucune
légitimité pour approcher les entreprises, aucune reconnaissance
académique. Pourtant, alors que je recherchais l’unité en moi,
il me semblait essentiel d’établir le dialogue également à l’extérieur
dans l’incarnation d’un projet. J’ai porté le G21 en accouchant en même temps de mon
troisième enfant. Deux accouchements merveilleux.
Ce que j’ai appris et que je comprends aujourd’hui, c’est qu’au lieu de
vivre de profonds moments d’inspiration et d’intériorité, puis nourrie
de cela aller me battre dans « le faire » où tout est volonté et d’une
certaine manière douloureux, je peux aujourd’hui créer une respiration
intérieure continue. Dans une même journée, je suis capable de passer
de la présence au temps linéaire, de l’inspiration à l’organisation,
de l’archétype du féminin à celui du masculin. C’est finalement la
première impulsion de la vie, la respiration. Inspirer et expirer,
se remplir et se vider, recevoir et donner. C’est un grand mouvement
de vie et d’amour envers soi et envers la vie.
Mais tu as raison sur le fait que je ne capitalise sur aucun projet que
j’ai incarné dans la matière; je n’avais jamais réalisé cela. J’ai
toujours eu l’intuition que, quand les énergies se sont posées et incarnées,
elles peuvent ensuite facilement être reprises par d’autres. Et surtout,
j’ai toujours eu l’intuition que je devais rester fidèle à cette respiration,
laissant l’inspiration nourrir ma conscience et se manifester ensuite
sur mon chemin. Toute ma vie, j’ai donné toute ma conscience et toute
ma capacité d’action à ce que je créais. Je suis la même.
Et pour ma part, il n’existe aucune complexité se manifestant avec le temps,
mais simplement une évolution liée à mon évolution de conscience intérieure.
A l’âge de 14 ans, j’ai réalisé que je vivais dans un monde qui ne
collait pas avec ce que je ressentais comme juste en moi et où le pouvoir,
l’égo et l’argent dirigeaient une grande partie de ce que je voyais.
J’étais jolie, on me donnait 18 ans, j’étais parachutée d’un coup, libre
de tout, déliée de la sécurité et des limites familiales. J’ai hésité à
quitter la vie, mais j’ai décidé formellement que la conscience et l’amour
étaient les seules vraies constantes non corruptibles. Et je me suis
engagée pour toute ma vie, quel qu’en soit le prix, à toujours choisir
ces deux vérités intérieures, pour ne jamais devenir ce que je voyais.
C’est devenu la source de ma joie de vivre. Régulièrement, la vie me
ramène à cet engagement. A chaque fois, intérieurement, j’espère avoir
la grâce d’être fidèle et consciente, dans chaque moment de présence
à venir, à cette promesse, et ceci jusqu’à mon dernier souffle sur cette Terre.
Aujourd’hui, je suis habitée d’un nouvel appel, un nouveau projet pour
nous relier collectivement à la Terre. Je suis convaincue que ce projet
va prendre forme, qu’il va ouvrir de nouveaux possibles. Je suis prête
pour ma part à le porter avec tous ceux qui se sentiront appelés.
Ma foi, ma solidité et ma construction intérieure sont prêtes.
Comme dans tous les autres projets, je n’ai aucune garantie. Je n’ai
jamais eu de filet de sécurité dans ma vie. Mais lorsque
je suis accompagnée intérieurement par ma foi, je n’ai pas peur car le mouvement
extérieur émerge, nourri par l’intérieur. Cela me donne la conviction,
l’enthousiasme et la capacité de mettre en œuvre. Ce projet est juste
pour notre société, pour réparer, pour créer les ponts, pour créer des
liens pour la Terre, pour créer de la joie, pour créer de la conscience
collective et aussi pour ma conscience. Comme je l’ai ressenti en moi,
cela me porte et m’enthousiasme et donc la force de l’univers
accompagne aussi cette manifestation. Et l’univers n’est pas
abstrait. L’univers, cela paraît un peu ésotérique comme terme,
mais c’est l’image qui me paraît la plus adéquate. Je crois que
l’univers m’offre, de manière parfaite, ce dont j’ai besoin et ce
que j’appelle dans ma conscience pour avancer dans mon cheminement
vers l’unité. Dans ma vie intérieure bien entendu, mais aussi dans les projets,
quand je les porte alignée avec lui. Je deviens à ce moment là, en quelque
sorte, « porte-voix » de l’univers.
A toi qui questionnes la forme dans ton monde intérieur, n’aie pas peur
de ce jeu de la vie humaine. C’est un jeu de miroirs bienveillants, une
respiration au coeur de la dualité, de ce double mouvement, pour nous
amener à le vivre comme une unité, un mouvement d’amour.