Putain de journée. Aujourd’hui j’ai le cœur lourd.

J’ai des images de toi qui me viennent, des souvenirs de cette magie que tu me mettais dans les yeux. Parce que, bordel, magique tu l’étais mon grand frère.

Ça a détendu un peu mon cœur tout serré de repenser à ce putain de 19 avril 2002.

Des fois, je suis en colère contre ces montagnes, fortes, puissantes et incontrôlables. Ces montagnes qui t’ont gardé pour elles, toi et tous les autres. En colère contre cette beauté qui fait que j’arrive pas à ne pas être fascinée par elles. Et puis je me dis : merde, c’est pas ça la vie quand même, être fâchée contre un putain de caillou.

Alors je repense à toi, pas à ton accident, pas à ton absence. Juste à toi.
Je repense aux lignes que tu traçais sur ces montagnes et à cette impression de te voir faire corps avec la nature. Je revois ton si beau sourire. Je prends des forces dans cette vie que tu dégageais et cette liberté dans les choix que tu as faits.
Et puis je repense aussi à tous les gens que j’ai rencontrés et qui m’ont parlé de l’homme incroyable que tu as été. J’oublie la colère, j’en veux même plus aux montagnes.

D’habitude ça marche bien. Mais aujourd’hui la force de la montagne s’est rappelée à nous. Elle a gardé avec elle une autre passionnée.
Alors oui, aujourd’hui je pense fort à toi, mais j’arrive pas à m’enlever de la tête la douleur de ceux qui ont le cœur arraché de perdre quelqu’un dans ces circonstances. La douleur de ce sentiment d’injustice et d’impuissance.

Grosse claque, putain de piqure de rappel. La vie, si belle, si fragile, si rude parfois.

A toi, Gilles, à Estelle, à tous les autres qui sont dans mon cœur et dans les vôtres. Et à tous ceux qui ont le cœur aussi lourd que le mien.

„heart“-Emoticon