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Dire que le monde traverse une période difficile est l’euphémisme de l’année. Jamais dans l’histoire nous n’avons collectivement fait face à un tel défi au niveau mondial, malgré la découverte hier (9 novembre) d’un vaccin dont on espère qu’il sera efficace. Nous allons devoir réviser de fond en comble un modèle économique qui a maintenant démontré ses énormes faiblesses. Et bien d’autres défis nous attendent, dont certains n’ont pas encore fait l’objet de mesures radicales (l’environnement). Comment peut-on donc écrire quelque chose sur la confiance en ces temps si incertains ?
Mary Baker Eddy, écrivaine et penseuse spirituelle profondément inspirée de la seconde moitié du XIXe siècle, a écrit un jour que “l’Entendement infini crée et gouverne tout, de la molécule mentale à l’infini”. Elle part du principe que nous ne devons jamais nous fier aux apparences matérielles et que, malgré tout ce que ces apparences vocifèrent, un plan étonnant, une Providence infiniment aimante tire toujours les ficelles pour notre bien, que ce soit individuellement ou collectivement. Dans mon livre Vivre ma spiritualité au quotidien, je raconte l’incroyable histoire de ce guérisseur spirituel pendant le terrible génocide qui secoua le Rwanda pendant trois mois en 1994, (au cours duquel 800’000 personnes sont mortes dans des massacres terribles, avec des bandes de tueurs entrant dans les maisons et découpant les gens à la machette). Sa maison fut envahie au milieu de la nuit par une bande de tueurs sanguinaires qui hurlaient et il réussit à les tenir à distance et à les apaiser complètement uniquement par des affirmations spirituelles silencieuses.
En 1987, j’ai entrepris un voyage de 14’000 km à travers plus de 100 villages au cours duquel j’ai interviewé plus de 1300 agriculteurs (individuellement et en groupe) pour écrire un livre positif sur l’Afrique (publié en 1989 sous le titre Une Afrique en marche,) en utilisant le plus grand réseau de groupes de base qui existait alors sur le continent et dont j’étais l’un des fondateurs. J’avais promis de rendre visite au chef d’un de ces groupes d’agriculteurs dans une région extrêmement reculée du Mali, en Afrique de l’Ouest. Mon ami m’avait dit que pour me rendre dans son petit village, je devais prendre le train Bamako-Dakar, et demander au conducteur de locomotive de s’arrêter à un endroit donné où un toit de paille sur un banc rugueux constituait la “gare”. Je devais lui envoyer un télégramme (pas de fax à l’époque) 10 jours à l’avance pour l’avertir de mon arrivée et l’envoyer à sa boîte postale qu’il vidait une fois par semaine dans la ville la plus proche, à 30 km de là. Pendant tout le voyage, j’espérais que le train s’arrêterait au bon endroit. Il s’est arrêté. Mon ami était là.
Mais il n’avait jamais reçu mon télégramme !
J’appelle cela l’œuvre d’une Providence aimante – ou de cet Entendement infini. S’il n’avait pas été là, qu’aurais-je pu faire ? La seule chose aurait été de marcher le long de la voie de chemin de fer, dans une température extrêmement chaude, sans nourriture ni eau, en espérant que les hyènes ne me mangeraient pas ou que je ne m’effondrerais pas d’épuisement avant d’arriver (je portais un sac à dos très lourd) .
Pour moi, la confiance est l’attitude spirituelle ultime. Parce que soit la création de l’univers est un évènement aléatoire dans une réalité au fonctionnement des plus bizarres, soit c’est la création d’un Être incroyablement aimant… Ce dernier choix donne plus de sens à sa vie. Et il permet de fonctionner, toujours, avec une confiance totale, que ce soit collectivement ou individuellement.
Pierre Pradervand
