Le stéréotype de la vie heureuse dans notre culture est de grandir, de se marier, de fonder une famille heureuse et de vivre dans une grande maison etc. Même si la grande maison et les nombreux enfants ne donnent pas envie à tout le monde, qui pourrait vraiment dire ne pas vouloir d’une relation amoureuse et romantique ?
Idéalement, cette relation amoureuse découle de ce que John Welwood appelle une « connexion de l’âme ». Il la définit comme une résonance entre deux personnes qui répondent à la beauté essentielle de leurs natures individuelles, derrière leurs façades, et qui se connectent à un niveau plus profond. Mais à chaque fois qu’on aborde la question de l’amour au sein d’un couple, ce sont deux écoles qui s’affrontent. D’un côté les romantiques et de l’autre, ceux qui ne nient pas l’existence de l’amour, mais qui évoluent plus dans un pragmatisme rationnel. Une confrontation qui suscite à chaque fois la même question. La survie et l’épanouissement d’un couple est-elle nécessairement subordonnée à cet amour romantique ?
La ruée vers la romance
L’ultime connexion de l’âme dont parle John Welwood est très probablement la plus stable base d’une relation amoureuse romantique. Elle suppose en effet que le rapprochement entre les deux partenaires s’est effectué indépendamment de leurs volontés conscientes. Dans une telle relation les deux partenaires entretiennent un amour profond, dans lequel elles se comprennent complètement, respectent et admirent tous les aspects de l’existence de l’autre.
Il s’agit certes d’un idéal mais les exigences sociales en matière de relation amoureuse débouchant sur un mariage heureux tendent à le normaliser. Nombreuses sont en effet les personnes qui pensent que le partenaire doit correspondre à cette description au moment de la rencontre. Il sera d’autant plus difficile de se remettre d’une rupture amoureuse que les attentes seront élevées.
En réalité, l’idée selon laquelle tout le monde finira par tomber sur ce partenaire est bien puérile. Ce n’est bien entendu pas impossible, mais la probabilité que cela arrive de cette manière précise est assez faible.
L’âme sœur à tout prix ?
Malheureusement, beaucoup de gens passent leur vie à chercher la personne idéale, et passent donc à côté de nombreuses relations amoureuses potentiellement bonnes pour elles. La vérité est qu’on se laisse un peu trop facilement abuser par l’idée de l’âme sœur ou de la personne parfaite venant à notre rencontre. Et que tout sera simple et facile par la suite… On ne peut plus éloigné de la vérité ! Même l’amour comme fondation du couple est une idée relativement récente.
Le véritable amour est semblable à une entreprise. Il faut du temps et des efforts pour le faire grandir. Bien entendu la romance dans un couple est une sensation très agréable. Mais ce n’est qu’une des multiples facettes de l’amour.
En 1966, George E. Vaillant, psychiatre américain et professeur à la Harvard Medical School, a été chargé d’une étude sur la question de l’amour et du bonheur. Cette étude a duré environ 75 ans et coûté une vingtaine de millions de dollars. Les conclusions de cette étude ont été publiées dans le livre “Triumphs of Experience : The Men of the Harvard Grant Study” et se résument comme suit : le bonheur c’est l’amour.
Bien qu’il soit communément admis que le plus grand bonheur dans la vie soit le fait d’avoir des personnes qu’on aime et qui nous aimes en retour. Cependant l’amalgame est souvent fait entre l’amour et le romantisme au point d’en faire la condition sine qua none du bonheur.
Amour ou romance ?
Mais au final quelle différence peut-il bien avoir entre la romance et l’amour sous ses autres expressions. Nombreux sont les chercheurs qui l’associe à la passion qui elle-même s’est liée au désir sexuel. Désir sexuel qui a quelque peu pris une place un peu trop prépondérante dans les attentes que l’on a d’un couple. Pour résumer, on a dans un premier temps associé l’accomplissement et le bonheur au seul amour romantique. Amour romantique qui lui-même s’est un peu trop défini par rapport à la passion et l’alchimie brûlante entre les partenaires. Bien sûr on en attend également de l’attention, de l’affection, de la reconnaissance, du respect et de l’engagement. La confiance, ainsi qu’une communication honnête et ouverte. Mais cet aspect passionnel a tendance à supplanter le tout, et dans ces cas-là le chagrin d’amour s’en suit généralement.
Dans son livre intitulé All About Love, Bell Hook explique par exemple que l’amour romantique n’est pas indispensable au bonheur et à l’épanouissement. Dans la mesure où les relations amoureuses ne sont pas que romantiques, il n’y a aucune raison pour que ce soit un l’élément déterminant du bonheur. Somme toute pour vivre heureux il faut aimer tout simplement et se faire aimer en retour. Mais avant même de développer quelque type de relation que ce soit avec les autres il faut d’abord apprendre à s’aimer soi-même. Ce n’est qu’à cette condition qu’on sera en mesure d’apprécier à leur juste valeur les sentiments que les autres nous témoignent.
